Posted by oneafrica -
January 1, 1970 -
291 Views
0 Comments
2 Likes
0 Reviews
Le doux rêve d’une transition pacifique en Gambie risque fort de se transformer en cauchemar pour ce petit pays enclavé dans le Sénégal. Les élections s’étaient pourtant déroulées dans le calme, et le président sortant, Yahya Jammeh, avait reconnu sa défaite et avait souhaité bonne chance à son adversaire Adama Barrow. C’était trop beau. A peine quelques jours après la proclamation des résultats, la belle sérénité post-électorale avait commencé à être troublée par quelques discours à caractère menaçant d’Adama Barrow à l’encontre de Yahya Jammeh. Une réaction de ce dernier était inévitable.
Un petit retour sur ces élections et leur résultat nous donne une impression bizarre de quelque chose qui cloche dans ce qui ressemble désormais à une mise en scène.
Comment un parfait inconnu, qui se définit lui-même comme n’ayant rien à voir avec la politique, peut-il battre à plate couture un vieux de la vieille rompu à tous les rouages de la politique et qui, de surcroit, est président de ce pays depuis plus de deux décennies avec une popularité qui était loin d’être en berne ?
Pourquoi Yahya Jammeh s’est-il empressé de concéder, presque dans l’allégresse, la victoire à son adversaire, et ce bien avant la fin des comptages des voix, comme s’il y avait un accord tacite entre les deux candidats ? Si accord il y avait, ce ne pouvait être que dans le sens d’une passation de pouvoir dans certaines conditions et la garantie de certaines assurances. Il est tout à fait possible que Yahya Jammeh ait désiré prendre sa retraite, comme il l’a affirmé lui-même, dans la tranquillité et sans craindre une chasse aux sorcières. Les déclarations initiales d’Adama Barrow semblaient également aller dans ce sens.
Une fois que la certitude d’une transition semble avoir été établie, les choses ont commencé à changer. D’abord au sujet des intentions du nouveau président. Il affirme lui-même qu’il ne brigue qu’un mandat de 3 ans pour, dit-il, « sauver la Gambie et initier un changement ». En clair, il s’agit, ni plus ni moins d’un changement de régime en douceur. Dès la confirmation de son élection, sa principale préoccupation semble avoir été de vider les prisons de certains prisonniers et de se préparer à les remplir par d’autres, avec l’aide éventuelle de la CPI dont son pays venait de sortir. Si l’on rajoute à cela son désir empressé de réintégrer la CPI, cela ressemble, de la part d’un élu qui n’a ni l’intention, ni la compétence, ni même l’envie d’assumer sa charge de président, à l’exécution d’une commande.
Un autre changement est également intervenu après l’officialisation des résultats du scrutin. La commission électorale avoue s’être trompée, rabaissant l’écart entre les candidats à des niveaux beaucoup plus plausibles, compte tenu de ce que nous disions plus haut. La commission maintient cependant la victoire d’Adama Barrow. Comment dès lors se fier à des résultats comportant des variations d’une telle ampleur, dans une ambiance non apaisée ?
Dans tous les cas, Yahya Jammeh a dû se sentir floué. A la lumière des aveux de la commission électorale, il a choisi de contester l’ensemble des résultats. Les résultats initiaux lui donnaient 212 099 (36,6%) et 263 515 voix (45,54%) à Adama Barrow. Selon lui, le nouveau décompte lui donnerait 280 486 voix et seulement 227 708 voix pour Adama Barrow. Quoi qu’il en soit, la transition pacifique en Gambie est morte. Le pays se dirige désormais vers un chaos quasi certain, et le voisin sénégalais ne fait rien pour tenter d’apaiser le jeu, bien au contraire.
Si quelqu’un voulait déstabiliser ce petit pays réfractaire, c’est presque gagné, parce qu’à partir de maintenant, les Gambiens n’auront plus droit à la parole ; ce seront les pays étrangers et les instances internationales qui décideront pour eux. Ils auraient pu s’en douter : on ne défie pas impunément les instances internationales placées sous la coupe de l’ancien colonisateur. Ainsi, ce peuple fier qui a su, jusqu’ici, tenir tête à tous ceux qui voulaient lui imposer d’autres valeurs que les siennes, a toutes les chances de succomber pour être dirigé de l’extérieur, avec des normes démocratiques étrangères qui auront comme point d’orgue un défilé Gay Pride dans les rues de Banjul, avec la complicité, involontaire espérons-le, d’un Macky Sall qui l’aura pourtant refusé chez lui.
Share this page with your family and friends.