Description
Vers la fin du XIXe siècle, le paysage naturel et social du Sénégal subi des profonds changements. La ligne du chemin de fer avance et des novelles villes y naissent tout au long de son trajet. Dakar deviens petit à petit le principale ville du pays, et son port supplante celui de Saint Louis et de Rufisque. Gallieni décrit en 1886 se changement de paysage depuis sa dernière visite quelques années auparavant. Il souhaite aussi la construction d’un bassin de radoub, qui sera effectivement construit entre 1900 et 1909.
“Cette ville avait subi de grands changements depuis que je l'avais vue pour la dernière fois, en 1881. De nombreux établissements publics, de vastes hôtels, de coquettes constructions particulières, s'étaient élevés partout, témoignant ainsi de la prospérité croissante de ce port. Les villages indigènes ont été repoussés au loin pour permettre à la ville de s'étendre à son aise. On sent que l'on se trouve en face d'une grande cité naissante. Il ne saurait, du reste, en être autrement. Dakar est le point de relâche de huit grandes lignes de paquebots de nationalités différentes. Il est à l'origine de la ligne du chemin de fer de Saint-Louis, qui met le port en communication directe avec la grande artère du Sénégal. Sa rade, l'une des plus belles du monde, pourrait servir de refuge à de nombreuses flottes. Il faudrait, pour lui assurer la prééminence certaine sur toute la côte occidentale d'Afrique, que son port reçût toutes les installations, tous les perfectionnements que réclame aujourd'hui le grand commerce. La nature des lieux se prête admirablement à tous ces travaux, et le creusement d’un bassin de radoub suffsiamment vaste et muni de l'outillage nécessaire, rendrait tributaires de notre port de Dakar toutes les lignes de steamers qui se disputent le mouvement commercial de cette partie de l'océan Atlantique. Il faut espérer que l'on passera bientôt des projets à l'exécution. Ce jour-là, la question sénégalaise aura fait un pas décisif. J'éprouvai une véritable satisfaction quand je pris à Dakar le train qui devait nous conduire à Saint-Louis. Je me rappelais encore les sourires d'incrédulité qui avaient accueilli les projets du gouverneur Brière de l’Isle, lorsque, huit ans auparavant, il avait envoyé dans le Cayor une mission chargée d'étudier le tracé de la ligne ferrée. Aujourd'hui ce chemin de fer existe et fonctionne admirablement.”
Extrait de "Deux campagnes au Soudan français, 1886-1888 par le lieutenant-colonel Gallieni"
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